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Ftour Invest: Les TPME redessinent le Souss-Massa

Par Radia LAHLOU | Edition N°:6992 Le 17/04/2025 | Partager
322 projets validés pour 65 milliards de DH
Tourisme: 124 initiatives, mais le web sous-exploité

Les très petites et moyennes entreprises (TPME) occupent une place centrale dans les stratégies de développement de Souss-Massa, comme l’a révélé un panel récent consacré à leur accompagnement, leur financement et leur digitalisation.

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Un débat riche d’opportunités pour les TPME et aussi un conseil commun: «Un projet mal structuré ne passe pas, même avec des garanties. Face aux refus, ne baissez pas les bras, ajustez et revenez avec un plan plus solide», proposent les intervenants (Ph. Privée)

 

Organisé à Agadir par le groupe Ecomedia dans le cadre du Ftour Invest, cet échange a réuni des acteurs régionaux pour analyser les mécanismes en place. Diffusé sur Atlantic Radio et relayé par L’Economiste, le débat a offert un diagnostic nuancé des forces et des faiblesses de l’écosystème, esquissant les enjeux d’un secteur clé pour l’avenir.

L’accompagnement des TPME, pivot de l’économie locale, repose sur une gamme de services déployés par le Centre régional d’investissement (CRI). Plans d’affaires, démarches administratives simplifiées et une banque de projets recensant les opportunités régionales forment le socle de cet appui. Une plateforme numérique centralise ces ressources, et des conseillers orientent les entrepreneurs vers des financements. «Nous mettons tout en œuvre pour accompagner les porteurs de projets avec des outils accessibles», a déclaré Kenza Gassib, directrice générale du CRI Souss-Massa, invitée du panel d’Agadir. Interrogée à juste titre sur la promotion de ces programmes, Gassib note un défi : «Nous multiplions ateliers et campagnes afin de rendre les dispositifs plus inclusifs». La patronne du CRI rappelle également que depuis juin 2023, un programme nommé Abrid, a été lancé en partenariat avec le Conseil Régional, la CGEM et la CCIS de Souss-Massa, offrant un suivi complet, de l’idée au déploiement.

Par ailleurs, des subventions régionales soutiennent l’achat de foncier, l’embauche ou l’équipement, avec un dispositif pour les TPE (investissements sous 50 millions de DH) en préparation. En 2024, sur 390 projets validés, 322 concernaient des TPME, pour 65 milliards de DH et 22.000 emplois potentiels, tandis que 700 demandes d’investissement ont été reçues. Une pépinière d’entreprises, laissée à l’abandon, est en cours de réhabilitation, et des partenariats pour l’entrepreneuriat féminin émergent.

Le tourisme, un levier sous-exploité

Le secteur touristique, dominé à 90% par les TPME, s’appuie sur la Société de développement régional (SDR) Smart Tourisme, financée par le conseil régional, le ministère du tourisme, la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) et la chambre de commerce d’Agadir. Elle couvre 30% des projets, jusqu’à 50% pour les plus innovants, dans une limite de 30 millions de dirhams. Depuis deux ans, 124 initiatives – escalade, parapente, camps écoresponsables, ateliers culturels – ont vu le jour. «Ce modèle est une première au Maroc, et il fonctionne», a affirmé Hassan Aboub, directeur général de la SDR Souss-Massa, notant son intérêt pour Tanger et Marrakech.

Boosté par la Coupe d’Afrique des nations et la Coupe du monde 2030, le tourisme progresse de 14% début 2024, mais «seuls 5 à 10% du potentiel sont exploités», estime Aboub. La digitalisation, cruciale quand «80 % des touristes consultent le web avant de voyager», avance lentement: une trentaine d’entreprises, à peine, utilisent sites web ou chatbots, mais les coûts freinent. «Il faut convaincre que c’est indispensable», a-t-il insisté. Face aux sécheresses, qui fragilisent l’agriculture, le tourisme devient une alternative, un gîte générant sept emplois directs et 35 indirects. Une réunion avec le Wali, évoquée par Aboub, a exploré un projet de Smart City pour ancrer cette transition numérique.

Le financement, un enjeu central

Les banques complètent cet écosystème avec une palette de solutions adaptées. Société Générale propose des crédits classiques, du leasing pour l’acquisition d’équipements, des protections contre les fluctuations de devises et des financements durables en partenariat avec la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Chaque année, le secteur bancaire injecte 80 à 100 milliards de dh dans l’investissement national, dont 20 à 25 milliards pour les PME. «À l’international, les banques portent 45 à 50% des projets, contre 33 ici», a analysé Mohammed Filelli, directeur régional de Société Générale pour Souss-Massa, pointant une prudence marocaine qui privilégie la solidité.

Il a détaillé le rôle clé de la banque centrale, «garante d’une vision macroéconomique, avec des baisses de taux qui créent un cadre favorable pour les investissements ». Sur la viabilité des projets, il a insisté: «Un bon projet, c’est une vision claire, une exécution progressive et une équipe compétente». Il a aussi évoqué les défis techniques, comme les variations de devises: «On sécurise les entrepreneurs contre ces risques, car une devise instable peut ruiner un projet».

En réponse à une question sur la compétitivité mondiale, il a ajouté, «les normes internationales nous poussent, certes, à être rigoureux, mais aussi à innover dans nos financements pour rester attractifs».

L’alternative Tamwilcom

L’accès au crédit s’appuie sur des mécanismes robustes pour répondre aux besoins des TPME. Tamwilcom, acteur clé, propose une couverture de 60 à 70% des garanties exigées par les banques, facilitant ainsi l’accès au financement pour les entrepreneurs manquant de cautions solides. «Nous intervenons pour débloquer les projets là où les garanties classiques font défaut», a expliqué Khalid Zwali, directeur régional de Tamwilcom pour Souss-Massa, soulignant le rôle de passerelle de l’institution.

Il a détaillé un éventail de produits ciblés comme Ilayki, lancé en mars 2024, qui soutient les femmes entrepreneures dans des secteurs comme l’éducation, la santé ou l’écotourisme, avec des prêts de 1 à 5 millions de DH à taux préférentiels. Par ailleurs, Green Invest, dédié à la décarbonation, offre jusqu’à 10 millions de DH à 2,5% pour des projets durables, comme l’installation de panneaux solaires ou l’optimisation énergétique.

Zwali a aussi abordé les cofinancements avec les banques pour des secteurs prioritaires, comme le digital, l’économie verte and l’entrepreneuriat féminin. «Notre objectif est de réduire les risques pour les prêteurs tout en maximisant les chances des porteurs de projets», a-t-il déclaré.

Radia LAHLOU